La dernière folie de Claire Darling

Un autre sujet récurrent dans ce excellent cru 2018 du cinéma français est celui de l’égarement, de la perte de mémoire. C’est comme si les auteurs percevaient que l’un des sentiments les plus répandus dans la Nation est la perte d’orientation. Pour représenter l’ampleur de cet égarement, la réalisatrice Julie Bertuccelli s’en remet à l’une des icônes du cinéma de cette France des années Soixante et Soixante-dix où, boussole en main, la direction à prendre était claire. Claire Darling (Catherine Deneuve) est égarée : elle est restée seule à Verderonne, dans l’Oise, et brade à bas prix ses souvenirs faits d’objets anciens, de meubles et de tableaux précieux. Marie (Chiara Mastroianni) est égarée et après une absence de près de vingt ans, elle se rapproche de sa mère pour assister, impuissante, à son autodestruction. Toute la population de Verderonne égarée elle aussi, est la destinataire de cet ultime appel à réagir et à reprendre en main sa propre histoire et son propre destin.